Réhabilitation Cognitive : une pratique metacognitive – Dijon

REHABILITATION COGNITIVE : UNE PRATIQUE METACOGNITIVE

Jacqueline Champredonde *

                                   *Psychologue du travail- Exercice libéral en cabinet

                                   Maître de Conférences honoraire – Université Toulouse1Capitole

Mots-clés: images mentales, représentations mentales et sociales, entraînement et plasticité cérébrale.

Introduction

          En réponse opérationnelle aux craintes ou constats de défaillance cognitive du sujet, c’est sur la voie de la connaissance des processus cognitifs qui président à la connaissance que nous nous sommes engagés, initiant le rapprochement entre psychologie sociale et du travail d’une part, et les travaux d’Antoine de La Garanderie (1) sur la «Gestion Mentale» d’autre part.

Au quotidien, notre intervention sur le terrain du dysfonctionnement cognitif  nous conduit à obtenir très concrètement des résultats particulièrement probants, par une démarche que nous nous proposons d’exposer ici brièvement.

L’objectif de cette démarche est d’affiner l’identification des procédures singulières propres à chacun, sous-tendant le traitement de l’information, au service  de la réhabilitation cognitive, voire à titre préventif. Ainsi, notre préoccupation est-elle centrée sur l’exploration du continuum interactif des « représentations mentales » («images mentales») aux «représentations sociales», tant implicites qu’explicites.

Dans ses travaux, Antoine de La Garanderie a montré que, pour traiter l’information saisie en activité perceptive, chacun de nous doit suivre l’enchaînement des «actes de l’activité cognitive» qui sont des «gestes mentaux techniques»:attention, mémorisation, compréhension, réflexion et imagination créatrice. Mais, pour effectuer ces mêmes actes, les uns se donnent mentalement des images, les autres des mots, d’autres encore des mouvements,… C’est dire que pour un traitement de l’information opérant, nous devons mettre en œuvre les stratégies mentales qui, pour nous, sont performantes.

Les stratégies mentales sont les modes opératoires, -niveau méta-cognitif-, définis sur le plan du fond par « le projet de SENS »et, sur le plan de la forme, par l’exécution de ce projet-ci.

  1. « Projet de sens » : le sujet a à se proposer explicitement de faire exister mentalement l’information qu’il veut ou doit prendre, « d’opérer mentalement la réexpression du perçu pour en assurer la conservation en même temps que la mise en rapport d’intelligibilité possible des éléments mentalement promus»(2)
  2. « Exécution de ce projet  de sens»: « faire exister mentalement », c’est recourir aux images mentales pour l’encodage de ses perceptions dans son « langage évocatif ».

Par la pratique de nos habitudes évocatives propres, nous accédons à l’information, à la connaissance: perception et «évocation explicite» sont à considérer dans leur complémentarité.

Prise en charge

           Il s’agit d’amener le sujet en souffrance cognitive, (domaines scolaire, professionnel ou sportif, vie quotidienne), à saisir explicitement pour lui-même ses stratégies métacognitives, et à savoir y recourir au besoin et de manière adéquate. Ce travail est conduit selon la méthodologie de l’introspection expérimentale, au cours d’entretiens structurés, semi-directifs.

A.de La Garanderie -(1) Pédagogie des moyens d’apprendre, Bayard, 1°éd .1982

(2)Défense et illustration de l’introspection au service de la gestion mentale-Centurion-1989

Bilan de profil cognitif

Au cours de cette démarche, il convient d’identifier la nature et les paramètres spécifiques de son encodage cognitif, dans des situations aux performances contrastées:1) comment procède-t-il pour traiter l’information dans les situations où il obtient des résultats qui le satisfont, lui, mais aussi ses évaluateurs ?2) et quelles sont, a contrario, les stratégies cognitives qu’il met en œuvre dans les situations où il est peu ou pas performant ?

Suivi

Informé, guidé, le sujet s’entraîne lors de séances hebdomadaires d’une heure, échelonnées sur six semaines en moyenne, sur fond d’appropriation progressive de ses outils cognitifs, à mesure qu’il les « découvre », jusqu’au transfert de son habileté cognitive retrouvée dans les types de situations où elle faisait défaut L’aspect fondamental, ici, réside dans le rôle primordial mais non exclusif de la nature de l’encodage (conforme au profil cognitif: auditif, visuel, …) : en effet, il s’agit, dans une seconde étape, d’étayer l’encodage, quel qu’il soit, par tous nos autres sens au service du traitement de l’information. C’est cet ensemble indissociable (mais non indiscernable) qui va être maîtrisé progressivement au fil de l’entraînement.

Illustration

 Exemple d’entraînement à l’acte d’attention pour un sujet dont le bilan de fonctionnement cognitif fait apparaître, entre autres :- la nécessité d’encoder  l’information en Images Mentales Visuelles -(I .M.V.)- pour en « obtenir » le sens.- ainsi qu’un déficit de ressources mentales pour encoder l’information abstraite. L’entraînement aura pour premier objectif d’apprendre au sujet:- à dissocier l’activité perceptive (ex ; « j’entends un commentaire ») de l’évocation explicite à laquelle il doit se livrer pour traduire fidèlement le propos en I.M.V. – mais également à opérer l’encodage des informations abstraites en I.M.V. concrètes,- enfin, à enrichir le SENS que ses I.M.V. lui donnent par le recours complémentaire aux autres sens perceptifs.

Projet de réalisation 

Dès lors que le sujet a fait sien l’impératif de projet de sens, par le constat du savoir-faire retrouvé, il convient de l’accompagner dans la mise en œuvre des intentions d’actions nées de ce traitement de l’information, de telle sorte que, désormais, il sache mettre en œuvre ses procédures mentales pour réussir à :1) «se mettre en projet de réaliser», 2) «passer à l’action».

                                                      Conclusion et perspectives

            Pour le demandeur en consultation, la découverte puis le transfert de ses stratégies mentales efficaces aux situations dans lesquelles il a besoin d’accroître sa performance, est une démarche vers l’autonomie du fonctionnement cognitif, solide prélude à une image de soi restaurée et présage d’une conduite marquée du sceau de la confiance en soi.

Dans la perspective d’un approfondissement de cette voie d’exploration de la connaissance des processus cognitifs et de son éventuelle étendue à d’autres domaines d’application, ne serait-il pas envisageable de conjuguer ces recherches avec les technologies comme l’IRMf et cognitive ?

Élargir ainsi l’éventail des chemins à emprunter pour prévenir, freiner, remédier ou même compenser les déficits cognitifs, c’est le souhait que je formule ici.

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