“On risque de s’apercevoir que je suis bête”…
Combien de fois ai-je entendu cette ineptie dans mon cabinet ! Alors que l’intelligence est rarement en cause, c’est le mode d’emploi de cette intelligence qu’il faut décoder… C’est en cela que j’interviens, je vous explique comment.
L’enfant est avide d’apprendre, de connaître.
C’est après en cours de route -très tôt !- que ça se gâte : il arrive trop souvent qu’il ait été détourné de son désir d’apprendre d’abord et avant tout parce qu’il a constaté que lui a beau s’y prendre de plusieurs façons pour comprendre, mémoriser, réfléchir, mais… “ça ne marche pas”.
Pourquoi son camarade a-t-il “de la chance” puisqu’il n’a qu’à écouter en classe pour savoir sa leçon, et pas lui ?
“C’est injuste, pourtant il sait qu’il voudrait tant y arriver, mais ce n’est pas pour lui !
La question du pourquoi est légitime : on lui dit qu’il doit travailler plus, être plus sérieux, etc…
C’est ce qu’il fait (souvent en cachette , sinon on risque de s’apercevoir qu’il est “bête”)
Mais, rien a faire: il ne “comprend pas” et/ou “ne retient pas” ce que pourtant il a appris, qu’il croyait savoir… Mais, interrogé peu ou longtemps plus tard, il ne retrouve plus rien dans sa mémoire !
Pour rétablir son image de soi, ne reste plus qu’une voie…
=> Intérieurement : celle de la dévalorisation du savoir… Suit, très vite, la dévalorisation de soi, avec la perte de confiance en soi qui y fait echo et donne une image de soi dévastatrice
=> Publiquement : la désinvolture et les comportements qui diront bien que “c’est parce qu’il ne travaille pas que ses résultats sont catastrophiques » – Traduire: “s’il voulait, il pourrait”
Donc: “il n’est pas bête”
Son image publique est ainsi préservée! …Mais il n’est pas dupe : sa propre image de soi est abimée, voire dévastée, puis, ces expériences se multipliant, sa confiance en soi altérée et son image de soi en chute libre vont, plus ou moins vite, le conduire au désespoir, susceptible de se manifester de multiples façons…
Ce qui lui manque ?
L’intelligence ? Non !
Travailler ? Oui !
Mais souvenez-vous : il travaillait, “avant”, avant d’être découragé, avant d’avoir intériorisé la norme selon laquelle “celui qui travaille et ne réussit pas à l’école n’est pas fautif : c’est parce qu’il n’a pas les moyens (entendre “moyens intellectuels”)
Terrifiant diagnostic qui signe l’impuissance définitive !
Aussi, l’élève va-t-il opter pour la stratégie qui évitera que chacun puisse découvrir la défaillance de son intelligence qui dévoile son incapacité à vie.
Il va faire savoir par des comportements répréhensibles que la source de son échec est dans le moins difficile à porter socialement : la désinvolture, voire le rejet des apprentissages, lequel présente l’avantage de laisser planer l’idée d’une toute-puissance : “c’est parce que je ne veux pas travailler que j’ai de mauvaises notes, et non parce que je suis incapable d’en avoir de bonnes! je fais ce que je veux, moi !”
L’image sociale de soi est préservée.
Alors, que faire ?
Il est urgent de lui faire savoir que :
- ne pas réussir à l’école n’est pas inéluctable
- que ce qui lui manque, ce n’est pas l’intelligence mais son mode d’emploi avec ses propres spécificités
- qu’on va – ensemble -, découvrir
- que le mode d’emploi de l’intelligence est spécifique à chacun, puis
- explorer ensemble, identifier minutieusement la spécificité de son propre fonctionnement cognitif = ” “SON processus de traitement de l’information”.
pour donner alors réponse à sa question : - “Comment dois-je m’y prendre, moi, pour être attentif, comprendre, mémoriser, réfléchir, Imaginer et …m’en servir ?”
Si, pour traiter l’information, chacun de nous doit effectuer :
* les mêmes opérations mentales
* dans le même ordre
En revanche, la façon de traduire cette information est propre à chacun et se doit, ainsi, d’être conforme aux propres exigences de ce cerveau-là.
Et c’est ce langage cognitif-là qui va lui permettre d’être “attentif, de comprendre, mémoriser, réfléchir, imaginer” (comme l’écrivait Antoine De La Garanderie). C’est ce cheminement qui permet à chacun, guidé par les adultes qui l’entourent, d’accéder pas-à-pas à l’indépendance dans le traitement de l’information.
Et qui fera de lui un interlocuteur à part entière : Informé, accompagné/entraîné à se ré-approprier le mode d’emploi de son intelligence, qui signe sa spécificité cognitive.
Chacun est alors à même de se mettre en projet de s’emparer, de TRAITER la connaissance, comme tout type d’information.
L’échec scolaire ne se combat pas par des stratégies conçues pour amener à apprendre en masquant les efforts à accomplir, il ne se combat pas par des béquilles de longue durée qui signent la dépendance.
L’échec scolaire se combat en toute clarté : en guidant le sujet- enfant, adulte- en l’accompagnant à se ré-approprier son fonctionnement cognitif : le “Comment faire dans sa tête pour traiter : oui : traiter toute information, – pas “avaler une potion” en vue de la redonner intacte, sans qu’elle ne laisse la moindre trace en tête, pour soi !
Ce sont les mesures de fond que nous avons à mettre en place.
D’autres difficultés peuvent exister : après avoir conduit chacun à retrouver le mode d’emploi de son intelligence, nous aurons un terrain au potentiel retrouvé qui permettra d’identifier, le cas échéant, des difficultés d’un autre ordre.
Nous observons alors que, désormais aux commandes pour piloter son intelligence, chacun est alors en mesure de réussir à apprendre et, plus largement, à traiter tout type d’information conformément aux procédures efficientes parce que ce sont les siennes, dont il a maintenant la clé et qu’il maîtrise.